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Le mois dernier, les éditions Belfond ont publié en France "Je ne suis pas raciste, mais…", l’ouvrage percutant du chercheur Keon West, professeur de psychologie sociale à l’Université d’Oxford. Né en Jamaïque, formé aux États-Unis puis en France, West s’est donné une mission ambitieuse : expliquer comment la science permet de comprendre – et de combattre – les discriminations.
Le résultat ? Un livre dense de 350 pages, truffé de données mais d’une lecture étonnamment fluide grâce à l’écriture vive et pleine d’humour de l’auteur. S’il s’intéresse en premier lieu au racisme anti-Noirs, West n’élude ni l’islamophobie en France, ni les tensions inter-minorités dans les sociétés occidentales, rarement étudiées dans l’édition française.
Une exploration scientifique des mécanismes du racisme
Appuyé sur un arsenal impressionnant d’études, principalement anglo-saxonnes, Keon West montre à quel point la variable raciale influence des domaines aussi variés que le parcours scolaire, les relations amicales ou amoureuses, et même la qualité des soins médicaux accordés aux personnes racisées.
L’un des points les plus frappants du livre concerne le poids du nom dans le monde professionnel. Dans une expérience où mille CV identiques ne diffèrent que par leur nom – certains perçus comme “blancs”, d’autres comme “noirs” –, les candidats blancs obtiennent non seulement davantage d’entretiens, mais aussi de meilleurs salaires.
Encore plus sidérant : une étude devenue classique, menée par Devah Pager en 2003, révèle qu’un candidat blanc possédant un casier judiciaire est plus souvent recruté qu’un candidat noir n’en ayant pas.
Démonter le fantasme du “racisme anti-Blancs”
L’un des apports majeurs du livre est sa capacité à dissiper, chiffres à l’appui, les mythes relayés depuis des années par une partie des médias et par les polémistes obsédés par la notion fallacieuse de « racisme anti-Blancs ».
En se basant sur les statistiques américaines (et britanniques) concernant la criminalité, West souligne un fait que beaucoup se refusent à entendre :
« Une majorité des agressions violentes dont sont victimes les Blancs sont perpétrées par d’autres Blancs. »
Autrement dit : l’immense majorité de la violence “subie par les Blancs” provient… de Blancs. Et pourtant, observe l’auteur, aucune chaîne de télévision ni aucun éditorialiste ne mobilise ces données pour pointer du doigt une prétendue « criminalité blanche ».
Un livre nécessaire dans une époque saturée de fake news
La parution du livre intervient alors que, depuis plusieurs semaines, l’espace médiatique français est submergé par une avalanche de fake news et de sondages douteux amplifiant des peurs raciales, de la sphère Bolloré au service public.
Dans ce climat, l’ouvrage de Keon West pose une question essentielle :
quelle place accorder aux faits – et au récit antiraciste – dans un débat public de plus en plus dominé par les émotions, les fantasmes et les chiffres tordus ?
Il nous rappelle qu’il est crucial de continuer à nous former sur les mécanismes du racisme. Comprendre, oui. Mais aussi développer une stratégie pour répondre à cette posture “trumpienne” qui consiste à assumer les préjugés les plus dangereux en se cachant derrière des statistiques biaisées.
Pourquoi ce livre compte pour notre communauté
Pour Dreadlocks Tribune, cet ouvrage résonne particulièrement :
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parce qu’il met en lumière les réalités vécues par les diasporas noires,
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parce qu’il rend accessible la science qui explique les discriminations,
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et parce qu’il offre des outils pour répondre, calmement mais fermement, aux récits déformés qui polluent le débat public.
Il rappelle aussi une chose fondamentale : le racisme n’est pas une opinion. C’est un système. Et ce système se mesure, se documente, et peut être combattu.
Où se procurer "Je ne suis pas raciste mais..."
Quilombo Boutique‑Librairie — librairie associative et autogérée, 23 rue Voltaire (XIᵉ). Un lieu militant, souvent engagé, qui peut commander des titres variés pour des publics sensibles aux questions sociales et antiracistes. librairie-quilombo.org+1
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Ici Librairie — grande librairie indépendante (≈ 500 m²) au 25 Boulevard Poissonnière (métro Grands Boulevards). Elle offre un vaste choix d’ouvrages et un cadre convivial propice à la découverte. Impasse Martini
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Librairie Calypso — située au 17 bis avenue Parmentier (XIᵉ), cette librairie-salon de thé met l’accent sur les littératures des Outre-Mer et des Caraïbes, ce qui peut intéresser les lecteurs engagés dans les questions diasporiques, postcoloniales, antiracistes. L'École de la Librairie
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La Montée du Soir — librairie généraliste de quartier, 6 rue de Lourmel (XVᵉ), avec une dimension locale, accueil chaleureux et proximité. L'École de la Librairie
Fnac
Cultura
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