Concerts : quand acheter une place vous oblige à payer… l’album que vous avez déjà

Une dérive commerciale qui inquiète les fans — et qui pourrait un jour toucher le reggae.

Ces derniers mois, un nouveau modèle de vente s’est discrètement installé dans l’industrie musicale française : l’obligation d’acheter l’album d’un artiste pour pouvoir accéder à la billetterie de sa tournée.
Un système d’“ajout automatique” devenu monnaie courante chez plusieurs grandes figures de la scène hexagonale. Présenté habilement comme “une expérience exclusive”, il s’agit pourtant — dans les faits — d’une vente additionnelle imposée, qui n’a rien d’un cadeau. 
Et beaucoup de fans commencent à grincer des dents.

Une nouvelle mécanique commerciale qui frôle la vente forcée

À première vue, l’idée semble anodine : un artiste propose à ses fans de vivre “une expérience complète”, combinant achat de billet et “précommande exclusive” d'un album à venir. Sauf qu’en pratique, ce n’est pas une expérience, mais un conditionnement. Vous voulez une place de concert ? Vous devez acheter l’album. Impossible de passer à la caisse sans accepter ce supplément.

Un internaute résume :

« J’ai l’album depuis six mois, pourquoi m’oblige-t-on à le racheter pour avoir une place ? »

Les termes varient — “expérience”, “bundle exclusif”, “pack fan” — mais la mécanique est identique : augmenter artificiellement le panier, sans laisser de choix.

Ce n’est ni un BOGO, ni un Pack, ni une précommande normale

Les majors tenteront sans doute de comparer le procédé à des stratégies marketing déjà connues du commerce :

  • Le BOGO (Buy One Get One) : j’achète un produit, j’en reçois un autre gratuitement.

  • Le Pack : j’achète un ensemble cohérent, souvent de produits similaires.

  • La précommande : un achat anticipé volontaire.

Ici, ce n’est aucun des trois. Un BOGO ? Non : il n’y a rien de gratuit. Un Pack ? Non : un billet n’est pas un album, l’un est un accès, l’autre un bien culturel. Une précommande ? Non : c’est une obligation, pas un choix.

Les juristes consultés par les internautes le disent clairement : on s’approche de la vente liée, interdite en France sauf si la seconde offre est “indissociable” de la première. Or un concert n’est jamais indissociable de l’achat d’un album...

Pourquoi cette stratégie ? Une raison simple : les chiffres

Les artistes et leurs labels savent très bien ce qu’ils font.
En imposant automatiquement un album lors d’une mise en vente de places — qui s’écoulent en quelques minutes — ils génèrent d’un coup :

  • un bond artificiel dans les préventes,

  • une entrée express dans les classements,

  • une pression positive sur les quotas de certifications,

  • et une hausse mécanique des recettes.

Les concerts deviennent ainsi une machine à booster les ventes d’albums.
Et les fans, eux, deviennent malgré eux des multiplicateurs de chiffres.

Internet s’enflamme, les fans appellent des juristes

Sur les réseaux, l’indignation enfle.
Les fans des artistes concernés demandent l’intervention de juristes spécialisés en droit de la consommation, certains évoquant même l’idée de saisir la DGCCRF.

Dans un contexte où le public est de plus en plus vigilant sur les dérives commerciales — streaming manipulé, éditions collector répétitives, bundles incessants — cette nouvelle mécanique pourrait bien être la goutte de trop.

Et dans le reggae ? Cette dérive arrivera-t-elle ?

Le reggae a toujours cultivé une relation particulière avec son public : proximité, authenticité, économie artisanale, respect de l’auditeur.

Dans ce genre où la scène live reste le cœur battant, où l’expérience repose sur la vibration, la spiritualité, l’énergie collective, imposer un album pour accéder à une date serait vécu comme une trahison.

Mais l’industrialisation progressive du reggae — festivals géants, managements plus agressifs, concerts premiumisés — laisse planer une question :

Jusqu’où iront les producteurs pour augmenter la rentabilité ?
Si ce modèle devient la norme dans la musique mainstream, la pression commerciale pourrait un jour atteindre le reggae, surtout pour les artistes les plus populaires.

Alors, la vraie question est :
Le public reggae acceptera-t-il un jour de payer un disque obligatoire pour obtenir une place ?

Seriez-vous prêts à acheter un album imposé pour aller voir votre artiste reggae préféré ? Ou quitteriez-vous immédiatement la billetterie ?

Comme dirait l'autre : "La question elle est vite répondue" non ? 

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